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24 décembre 2010

Au bord du gouffre, que fait la Gauche ? (3)

(3. Pour une Gauche sans naïvetés ni renoncements)

par Fabrice MAUCCI

le 24 décembre 2010

La Gauche peut-elle l'emporter en France en 2012 ? Cette question semble plus que jamais liée aux deux qui lui font suite en général : comment, et surtout pour quoi faire ?

Pas plus dans seize mois qu'il y a 3 ans et demi, le balancier démocratique ne suffira. Pour que la Gauche emporte autre chose que des trophées locaux et régionaux – certes fondamentaux sur certains points – il lui faut établir une confiance et provoquer une mobilisation qui ne seront possibles qu'à partir de l'émission d'un certain nombre de signaux.

Aujourd'hui, le cirque médiatique tout entier reproche à la Gauche son absence de programme, tout en ne focalisant son attention et la nôtre que sur les enjeux de personnes. Cependant, les Français ont compris que derrière ces femmes et ces hommes on trouve des sensibilités très différentes. S'ils sont réellement convoqués à des « primaires » en 2011, ils seront d'ailleurs moins dupes des sondages et plus exigeants sur le fond que les militants de base trop souvent transformés en groupies et enferrés dans leurs écuries respectives. Est-ce pour cela que les appareils ne sont pas pressés d'en activer le calendrier? En tout cas, pour convaincre, il faudra aller au-delà du « casting » et des petites phrases, rencontrer le pays, et cela prend du temps.

La Gauche ne manque d'ailleurs pas de leaders : Mélenchon, Duflot, Joly, Montebourg, Fabius, Hollande, Aubry, Delanoë, DSK ou Royal n'ont pas moins de crédibilité que Sarkozy. Par contre elle cherche toujours un projet de société cohérent, et sans toujours s'en rendre compte elle manque aussi d'une unité adaptée à ce projet comme à nos institutions « présidentialistes ». Rappelons que ces dernières – qu'on les apprécie ou pas – sont l'actuelle règle du jeu et que ne pas s'y adapter c'est prendre le risque de ne jamais plus atteindre le pouvoir.

Sur la route d'un tel projet, le premier écueil serait d'adopter ce que j'appelle un faux réalisme économique, c'est-à-dire un défaitisme face au capitalisme financier, un renoncement face à une compétition sans règles, un pragmatisme du colmatage alors que la mécanique économique planétaire fonctionne contre nos idéaux. Ce n'est pas d'un toilettage dont les gens veulent ; ils ne souhaitent pas non plus l'isolement ou un retour à de vieilles lunes.

Ils attendent une économie dans laquelle le marché soit encadré, régulé, influencé, contrôlable, et dont restent protégés ou extraits des secteurs qui touchent au plus près à l'intérêt public ou à la sécurité de chacun : la situation rend cela urgent en matière agricole ou de logement. Ils jugent indispensable, pour redresser leurs services publics, préserver leur protection sociale et rembourser une dette qui n'est pas que la leur, une justice fiscale que les plus fortunés et les grands groupes ne pourraient plus contourner grâce aux paradis fiscaux et à la « libre » circulation des capitaux. Ils n'acceptent plus une compétition prédatrice faite de dumping salarial, social ou écologique, ni les promesses d'une « division internationale du travail » de conception fumeuse, raciste et irréaliste dans laquelle nous abandonnerions nos usines pour garder la conception et le « haut de gamme ».

Sur tous ces points, les Français dans leur grande majorité veulent de l'action, mondiale si c'est possible, européenne dans l'idéal, unilatérale et plus subtile s'il le faut. En tout cas, que la France pèse et parle au monde différemment.

La Gauche doit montrer qu'il est possible d'encourager l'entreprise, de stimuler l'innovation, de souhaiter l'enrichissement et l'élévation sociale de l'individu sans accepter que cela se fasse en écrasant les salaires, en bafouant le droit du travail ou en échappant à l'impôt. La Gauche doit se réapproprier la « valeur travail » pour favoriser l'embauche et la faire rémunérer au mieux. Elle doit défendre une « méritocratie solidaire » face à « l'héritocratie égoïste » que construit chaque jour la Droite. De nouvelles règles, une transparence accrue et une révolution fiscale doivent permettre une nouvelle orientation des richesses, dès leur distribution dans l'entreprise, par l'information et les choix des consommateurs, et à défaut par la redistribution – pour redonner entre autres de la qualité de vie aux plus modestes. La Gauche doit aussi améliorer de manière visible l'efficacité des services publics, et impliquer davantage les citoyens dans leur gestion quand cela relève de leur compétence.

Sans naïvetés ni renoncements, la Gauche doit l'être aussi sur l'ensemble des questions qui taraudent la société française, en particulier celles que l'extrême-droite exacerbe et dont la droite profite, à moins que ce ne soit l'inverse. La Gauche doit accorder ses principes avec une « expertise du terrain », c'est-à-dire ne plus nier certaines réalités dérangeantes, et ne pas pour autant caresser les préjugés dans le sens du poil. Etre de Gauche, c'est admettre que la société est complexe et qu'il est encore plus complexe de l'expliquer et de la guérir. Etre de Gauche, c'est écouter, interpréter, confronter, expliquer avant de décider.

Oui, dans certains quartiers notre jungle économique, l'incompréhension mutuelle et la perte d'autorité (des familles et de l'Etat) ont accouché d'une jungle sociale inadmissible, aggravée par l'économie illégale et la ségrégation scolaire. Oui, après plus d'une génération de relégation, des jeunes gens, des familles entières, des clans abîment la vie des autres et ne respectent rien. Pour corriger cela, l'action à mener est dense (tout le monde le sent), et d'autant plus coûteuse qu'elle sera longue et multiforme (seule la Gauche le dit et a raison sur ce point) si on veut qu'elle réussisse : éducative, économique, culturelle, urbaine, policière, judiciaire. Il faut avoir le courage d'envisager des actions d'encerclement armé comme au Brésil pour tuer durablement les trafics, et en même temps de créer des « écoles de parents », de suivre et disperser les élèves en difficulté dans l'ensemble des établissements scolaires, ou de réaffirmer que la prison française n'est pas un lieu de résorption mais d'aggravation des problèmes et qu'autre chose est à inventer à la place.

La laïcité est un autre exemple de ces débats que la Gauche doit trancher et faire partager. A nous de réaffirmer que la France est arrivée à un point de développement scientifique, social et de conquêtes des droits qui fait qu'elle ne tolère pas la privation de liberté des uns ou des autres pour des raisons religieuses. A nous de faire comprendre et respecter cette liberté, dès l'école. A nous aussi d'expliquer que les cultures se valent, que la culture n'est pas que la religion, que la religion est un choix personnel et privé. Parallèlement, à nous aussi de trouver une solution pour qu'il n'y ait plus d'églises réparées sur fonds publics pendant que les français musulmans prient dans des caves ou dans des rues fautes de mosquées dignes, de laisser à chacun la liberté absolue de certains jours de congés pour des raisons personnelles car l'Aïd ou le Kippour valent bien Noël. A nous de nous battre avec une vigueur exceptionnelle contre les discriminations ethniques qui minent la nation.

La liste est encore longue de sujets où il faudrait sortir des caricatures, des préjugés et des solutions miracles, dans un sens comme dans l'autre : l'éducation en serait un. Nous l'aborderons une autre fois.

Enfin, si la présidence Sarkozy a martelé une évidence, c'est que notre démocratie n'est pas assez mûre, qu'elle manque de transparence, d'indépendance de la presse et de la justice, d'instances de contrôle et de décision par les citoyens eux-mêmes ou les minorités d'assemblées. La politique doit être morale, ce qui suppose que les élus soient désormais individuellement et collectivement irréprochables, et pleinement responsables de leurs actes. Il faut bannir le cumul des mandats, lutter réellement contre les conflits d'intérêts et affaiblir la portée politique du mensonge.

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S
Je vous recommande la lecture du lire de Pierre Larrouturou (Crise : la solution interdite) qui propose certaines pistes en reprenant entre autres des propositions de 2004 : Un meilleur partage du travail ne pouvant à lui seul venir à bout du chômage et de l’exclusion, Stéphane Hessel, Pierre Larrouturou et Michel Rocard proposaient en 2004 (http://slesciencespo.canalblog.com/archives/2008/06/14/9568791.html), un Traité de l'Europe Sociale ayant pour pricipaux axes cinq objectifs, et donc cinq critères pour l'Europe sociale :<br /> <br /> * Un emploi pour tous : un taux de chômage inférieur à 5%.<br /> * Une société solidaire : un taux de pauvreté inférieur à 5%.<br /> * Un toit pour chacun : un taux de mal-logés inférieur à 3%.<br /> * L'égalité des chances : un taux d'illettrisme à l'âge de 10 ans inférieur à 3%.<br /> * Une réelle solidarité avec le Sud : une aide publique au développement supérieure à 1% du PIB.
S
http://www.mesopinions.com/Appel-Europe-Ecologie---Les-Verts--Laicite-n-est-pas-racisme-petition-petitions-79c4ddf51674b85dbaee8ff8516d43e9.html
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