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19 septembre 2009

En 2012, quand Cécile sortira du flot des candidats

Cet article commence certes par un jeu de mots poussif et ne sera guère porteur de propositions nouvelles. Mais j’ose espérer qu’il aura un petit quelque chose de prémonitoire. Je vous l’écrit comme je le pense : Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, a toutes les chances de devenir notre prochain(e) président(e) de la République. Si la suite parvient, par sympathisants et militants interposés, à la convaincre de jouer la partie, il y aura selon moi une réelle et belle possibilité pour elle de la gagner.

Jusqu’à présent, elle n’a pas du beaucoup apparaître dans les sondages pour 2012. Je vous promets qu’avant la fin 2009 elle sera de tous les baromètres d’opinion. Il y a quatre mois encore, personne ne la connaissait bien en-dehors du cercle chaque jour plus restreint des passionnés de la politique. Le score du rassemblement des écologistes aux européennes est certes passé par là, faisant de cet attelage la presque deuxième force électorale du pays. Mais cela va plus loin.

D’abord parce que le mouvement qui explique ce score est profond, ensuite parce que de l’eau a coulé sur le paysage politique depuis. Plusieurs ruisseaux se gonflent en attendant de converger pour provoquer une vague en faveur de celle qu’on nommera bientôt « Cécile » plus affectueusement encore qu’on avait rebaptisé par son prénom Ségolène.

Elle aurait pourtant pu se trouver calcinée juste après son décollage du 7 juin.

La « taxe carbone », rendue impopulaire par son timing, son impréparation et son détournement sarkozyste, s’est muée en un premier piège. En effet, Dany Cohn-Bendit reparti à Strasbourg, c’était elle qui était de nouveau en première ligne, et cette fois « face caméras » pour défendre ce projet de fiscalité verte porté par sa formation depuis des lustres.

Le chef de l’Etat, plein de mépris pour une Cécile dont il n’a pas même retenu le nom, l’a ensuite reçue pour profiter de la vague tout en lui promettant du vent, ce qui était un facile second piège.

Ségolène Royal, cherchant à revenir sur le devant de la scène, marchant comme à son habitude sur le fil qui sépare le coup de gueule salutaire du plus grand ridicule, crut pouvoir surfer sur l’onde de retour – le rejet de la taxe par l’opinion – et avança des arguments sans nuances destinés à contrer la Droite et les Verts, tout en s’autoproclamant meilleure écologiste de France : là se présentait le troisième piège.   

Trois pièges dont Cécile Duflot est d’ores et déjà sortie victorieuse, sans triomphe provocateur.

Avec une argumentation limpide et parfaitement calée sur le format étriqué des interviews télévisées, elle a expliqué la différence entre « sa » taxe carbone idéale, précédée et accompagnée d’autres mesures destinées à aider les français à se passer d’énergies carbonées, et celle du gouvernement, à la fois coup de pub raté et transfert scandaleux de la taxe professionnelle vers les particuliers.

Sans agressivité mais tout en clarté, elle a fait comprendre que Nicolas Sarkozy, recevant à l’Elysée la cheffe de parti qu’elle est, lui avait tout simplement prouvé qu’il mentait, que sa parole ne valait rien.

Quant à l’ancienne candidate socialiste, sa sortie a suscité une réponse que Cécile Duflot s’appliqua à donner courtoisement, efficacement, profitant de l’éclairage que lui donnait ce « duel » pour montrer son analyse sans pour autant rompre le dialogue avec le PS.

Et c’est là que réside sa force. Elle qui disait il y a deux ans ne pas avoir de charisme, en dispose au contraire dans des proportions grandissantes. Elle détient une clé de la politique que beaucoup de français aimerait voir tourner, celle du débat d’idées dépollué des invectives, des caricatures et des petites phrases. Cécile Duflot sait faire, et il n’y en a pas beaucoup d’autres en stock (Bertrand Delanoë peut-être). Quand en juin dernier Daniel Cohn-Bendit précisait illico que la présidentielle n’était pas pour lui, de nombreux observateurs estimaient que les Verts venaient d’atteindre le « score de crédibilité » mais risquaient de se contracter de nouveau en 2012 faute de « leader ». Quatre mois plus tard, Cécile esquisse une « stature présidentielle », qui peut se renforcer rapidement.

Le suicide continuel du Parti Socialiste et les candidatures séparées aux régionales vont l’y aider. Si, comme c’est probable, les écologistes deviennent la première force de gauche à ces élections, et si jamais ils tiraient leur épingle du jeu dans des régions « écolophiles » comme l’Ile-de-France (trop polluée) ou Rhône-Alpes (collection de paysages et de milieux à préserver), leur secrétaire nationale intégrerait définitivement le cercle des présidentiables. Imaginez simplement qu’elle soit elle-même, en mars prochain, présidente de la région-capitale, en face-à-face direct avec Nicolas Sarkozy sur le dossier du Grand Paris !

Par le positionnement de son parti comme par le sien propre, Cécile Duflot saura sans doute mieux rassembler qu’un(e) socialiste. Son discours est ancré à Gauche, et sur ce flanc elle perdra peu d’électeurs contrairement à Royal ou à DSK. Parce qu’elle a des combats communs avec eux les électeurs d’Olivier Besancenot ne s’évaporeront pas entre deux tours. L’urgence écologique n’aura pas faibli en 2012 mais davantage de gens encore en auront pris conscience, et cela lui ouvrira les autres horizons électoraux. Si cela n’est pas fait dès le premier tour, cela le sera au deuxième. Car l’alliance au centre est un poison pour le PS dans son état actuel, mais elle est possible sans perte de cap pour Cécile Duflot. Des passerelles existent : le Cap 21 de Corinne Lepage, les ex-Verts passés au Modem comme Jean-Luc Benhamias, les jeunes militants bayrouistes imprégnés d’écologie. Le rassemblement Europe Ecologie est en soi une expérience probante, qui montre qu’on peut fédérer des pensées différentes dans un tout cohérent, de Bové à Hulot.

Restent des obstacles sur une route vers la magistrature suprême, mais Cécile Duflot est-elle face à eux plus mal placée que les autres personnalités de la Gauche ? Elle est jeune, avenante, mère de quatre enfants, ne cherche pas à se créer un style particulier : elle est la France réelle incarnée. Son parti est célèbre pour ses querelles internes mais à côté des bombes à sous-munitions qui fragmentent le PS, des dissensions des Verts passent pour des chamailleries d’écoliers. La presse tardera à en faire une favorite crédible mais sa force résidera dans le tissu associatif ancien, structuré et fourni qui s’occupe tous les jours d’écologie et dans les réseaux sociaux du web et les nouveaux outils de communication que cette galaxie maitrise mieux que tout le reste du spectre politique.

Reste que Cécile Duflot ne préviendra pas. Quand elle aura décidé d’y aller, un signe ne trompera pas. Son propos sortira des seules questions écologiques sans pour autant perdre ici son expertise particulière. Elle proposera sur le logement, l’emploi, la démocratie, les évolutions de la société, l’école, la science, la géopolitique. Elle se mettra à parler de tout là où, depuis un an, Martine Aubry et ses amis ne parlent plus de rien.

Fabrice MAUCCI

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Commentaires
S
Interview sur france info le 13 novembre<br /> Toujours aussi intéressante... et elle répond bien à des questions que je me pose...<br /> J'espère que cela parle aussi à tout le monde... ?<br /> http://www.france-info.com/chroniques-l-invite-de-france-info-2009-11-13-cecile-duflot-favoriser-la-cohesion-nationale-plutot-que-les-368693-81-192.html<br /> Cécile présidente... !<br /> espérons au moins de région...<br /> <br /> ;o)
S
J'aimerai tellement que tu aies raison Fabrice...<br /> Espérons que les régionales lui permettront de mieux se faire connaître des français.<br /> Je la trouve vraiment très bien à chaque fois que je la vois ou l'entends s'exprimer et j'invite les gens à découvrir ces interventions sur le net.<br /> Son discours aujourd'hui à Lyon en vue des élections régionales en mars 2010 me conforte dans mon soutien pour elle si elle décide d'être candidate en 2012 et que des primaires s'organisent à gauche.<br /> <br /> Et pourtant elle manque de notoriété comme le prouve ce dernier sondage<br /> http://www.20minutes.fr/article/360993/Politique-Sondage-sur-le-premier-tour-des-presidentielles-2012-Sarkozy-a-28-20-pour-Aubry-8-pour-Villepin.php<br /> <br /> Cette femme mérite d'être plus connue.<br /> <br /> Et souvenez-vous, qui aurait parié sur Ségolène Royal 2 ans et demi avant comme candidate ?
L
Cécile Duflot est visible ici: http://www.dailymotion.com/video/x7l0ip_interview-cecile-duflot-dans-le-soi_news
M
J'espère que vos prémontions se révèleront justes<br /> Je dois avouer ne pas connaître Cécile Duflot.<br /> Merci pour vos infos et bonne continuation !
D
Je te rejoins complètement Fabrice et les statistiques données lors de la soirée récente à la télé avec Cohn-Bendit m'avait supris. 46% de notoriété pour celui-ci et 2% pour Cécile Duflot (je cite de mémoire donc peut être faux pour le premier nombre). Le chemin reste long à parcourir et je fais cependant le même pari que toi.<br /> On en reparlera donc d'ici là.<br /> Et tant pis pour tous les pisse-vinaigre, qui n'ont pas vu où était la clarté, les idées nouvelles et le dynamisme, et ne veulent pas y croire.
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