La politique financée par les rich(issim)es, pour les rich(-issim)es
Les habitants d'Aix-les-Bains étaient déjà un certain nombre à savoir que Dominique Dord prend les gens pour des imbéciles, mais le député-maire de cette ville, tout frais trésorier de l'UMP, permet désormais à la France entière de découvrir son mépris.
Il se répand en ce moment dans les médias pour évoquer sa nouvelle proposition, d'une urgence qui sautait aux yeux des Français : déplafonner les dons des particuliers aux partis politiques, actuellement limités à 7500 € par an. Autrement dit, en plein dans l'affaire Bettencourt et face aux histoires de grosses enveloppes en liquide fournies en toute illégalité par cette chère Liliane aux hommes politiques de Droite, ce grand spécialiste de la morale publique nous suggère simplement de ne plus interdire cette pratique. Pour éviter d'être hors-la-loi, cassons la loi.
Pour défendre son projet, Dominique Dord trouve une ébouriffante justification : « si peu de donateurs sont en mesure d'aller au-delà de 7.500 euros, on se demande à quoi bon plafonner. On ne fait pas une loi pour quelques personnes ». Balancer des évidences bidonnées, c'est sa méthode. Il n'est certes pas le seul à l'utiliser, mais il la pratique assidument. Derrière cette réflexion « de bon sens » se cachent à la fois une navrante bêtise et un cynisme à vomir.
Premièrement Monsieur Dord, quelle est la proportion d'escrocs dans la population, de violeurs parmi les mâles, de criminels multi-récidivistes parmi les étrangers, ou de porteuses de burqa dans l'Hexagone ? Cela n'a-t-il pas mérité des lois, que vous avez vous-même votées?
Deuxièmement, à quoi ce plafonnement a-t-il servi jusque là? A réduire le risque de corruption et à mettre de l'égalité dans la démocratie. Un détail !
Si demain, les donateurs capables de donner 7500€ à un parti – et qui ont donc probablement des revenus annuels proches ou au-delà du million d'euros – n'avaient plus de limites juridiques à leur « générosité », nul doute que les partis de Droite accroîtraient sensiblement leurs recettes sans que la Gauche ne puisse profiter du même coup de pouce : il y a en effet plus de Bettencourt que de Bergé à cette altitude là.
Par ailleurs, on voit mal un mécène de haut vol ne pas attendre un traitement particulier, à l'échelle de sa personne, de sa famille ou de sa caste, en échange de son soutien massif et spontané. Au moment où on soupçonne Woerth d'avoir fermé les yeux sur une évasion fiscale dont la France est victime et attribué des légions d'honneur en échange de gros dons politiques « clandestins » et d'une embauche qui rapporte, Dominique Dord ne nous propose rien moins que de subordonner un peu plus son camp – son clan – à la volonté des seules très très grosses fortunes du pays. Chapeau l'artiste.
Si cela passe sans problème dans l'opinion, cela ne signifiera pas que M. Dord est l'homme « sérieux et rigoureux » présenté à la France par Xavier Bertrand. Par contre on comprendra sans problème que pour l'UMP et sa clientèle, cet ancien de l'Oréal a été choisi « parce que lui aussi le valait bien ».
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