Agences de notation : le monde du fric se paie des Etats !

Depuis plusieurs semaines, nos berceuses médiatiques alimentent le feuilleton de la Grèce-bientôt-en-faillite-que-la-méchante-Allemagne-ne-veut-pas-aider. Mais jamais, oh non jamais, ces foutus grands journalistes ne se fendent d'une explication claire et distanciée pour nous aider à comprendre ce qui se passe.

Les agences de notation financière, chevaux de Troie du monde spéculatif, poussent vers la faillite des Etats dont la situation budgétaire est grave mais qui avec du temps, pourraient rembourser leur dette et réduire leurs déficits. Les notes de ces agences ne sont ici que très peu liées à une situation réelle - et encore moins à son évolution - mais elles sont par contre l'instrument d'une attaque en règle. Si les pays ciblés ne s'en sortent pas financièrement, ce n'est pas parce qu'ils sont encore aujourd'hui mal gérés ou dangereux emprunteurs, c'est parce que leurs notes dégradées tous les deux jours renchérissent le crédit auquel ils peuvent avoir accès.

Même si France Télévisions France Info Le Monde ou L'Express ne le soulignent pas, ce à quoi nous assistons n'est donc rien d'autre qu'une démonstration de force, une intimidation hors du commun de la part des grandes puissances d'argent, notamment les banques et les hedge funds auxquels ces agences sont intimement liés. Ces forces du fric ont été sauvées par les Etats il y a 18 mois, mais comme elles veulent revenir à leurs méga-profits antérieurs, elles cherchent à rendre les Etats fragiles, dépendants et dociles avant que ceux-ci n'osent réellement réguler leur infecte activité. C'est un bras de fer des plus riches contre les peuples, et nulle part on ne l'explique ainsi. Quelle incroyable presse.

Par contre, une fois de plus, les arguments des financiers sur les dépenses publiques trop fortes, sur les "réformes" à accomplir - bizarrement pas sur les impôts des plus aisés à remonter - circulent, eux, bel et bien. Et on amuse la galerie avec une dose de FMI, on ajoute deux pincées d'Union Européenne désunie, et trois lieux communs sur l'Allemagne "mère-la-rigueur", le "Club Med" laxiste et la France-qui-serait-à-l'abri-mon-oeil. Information ou endromissement?

Comments

[Steph]

article intéressant de Marianne :
http://www.marianne2.fr/Crise-le-systeme-est-au-bord-du-gouffre-Faisons-un-pas-en-avant!_a192234.html

[Steph]

Pour ceux qui sont abonnés, une très bonne émission avec Mélenchon et Marc Touati, ça vaut le détour

http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2967

Le dernier round sur la Grèce concerne les agences de notation. Chacun s'accorde à dire que les critères de notation de ces entreprises, chargées de déterminer si un pays ou une entreprise est susceptible de rembourser ses dettes, sont loin d'êtres objectifs. "La note de la France pourrait être dégradée, c'est une évidence, mais le choix est politique", résume Touati. Qui se tasse un peu lorsque le fondateur du parti de gauche entreprend de détailler les représailles qu'il ferait subir aux tenants du libéralisme économique s'il était au pouvoir : "je veux vous foutre la trouille !" Mission plutôt réussie (acte 5).

[Daniel]

Comme quoi les bonnes analyses marxistes d'antan on encore un bel avenir ?